Montréal, le 12 mars 2007 – Communautique rend public aujourd’hui les résultats de ses travaux de consultation et de réflexion sur la démocratie en ligne. Au cours des deux dernières années, l’organisation a réalisé plusieurs activités avec les milieux communautaire et populaire du Québec. Ces activités visaient à dégager les enjeux face au projet du gouvernement québécois en matière d’administration et de démocratie numérique ainsi que d’apporter une vision citoyenne à ces développements.

« De par notre engagement auprès des groupes et des populations exclues ou potentiellement exclues, nous avons rapidement compris le caractère prometteur mais également les risques d’un tel projet », explique Monique Chartrand, directrice générale de Communautique. « Il nous apparaissait donc primordial de donner la parole aux groupes, de les aider à exprimer leur point de vue face à ces développements, de leur donner l’opportunité d’influencer les pouvoirs publics et de faire émerger des principes avec lesquels les milieux communautaires pourraient s’approprier ce dossier et le porter auprès de leurs membres. »

La démarche

Parmi les diverses activités mises de l’avant, notons la réalisation d’une grande consultation provinciale en 2005 au cours de laquelle plus de 100 groupes communautaires issus de huit régions ont été consultés. En complément à cette tournée, un volet de consultation en ligne a été aussi réalisé afin de permettre aux autres régions de participer à la consultation ainsi que d’expérimenter l’utilisation des nouvelles technologies dans le cadre de consultations citoyennes. Finalement, les membres du comité des partenaires du projet « le Communautaire en ligne » et du Comité d’étude sur la démocratie en ligne (CEDEL) ont apporté analyses et réflexions face au projet du gouvernement et aux résultats des consultations.

Les résultats des consultations

D’abord, notons que les consultations ont permis de préciser les premiers éléments d’une vision du milieu communautaire. Ainsi, la mise en place du gouvernement en ligne doit préconiser une approche en amont ; c’est-à-dire, qu’on doit partir du citoyen et concevoir le projet du bas vers le haut. De plus, ce projet doit être inclusif, il doit considérer tous les moyens possibles et il doit être transparent.

Les groupes estiment également que le projet doit leur permettre d’accompagner les populations les moins favorisées à devenir des acteurs du changement social, de continuer à promouvoir la solidarité, l’expression et la participation citoyenne ainsi que de promouvoir le renforcement et l’approfondissement de la démocratie. Il doit aussi leur permettre de travailler pour transférer à ce nouvel espace les principes démocratiques qui inspirent leur travail et éviter que dans le transfert des activités du réel actuel au cyberespace, les citoyens ne perdent leurs droits et la possibilité de les exercer.

Plus spécifiquement en lien avec le projet actuel du gouvernement, la majorité des participants aux consultations ont présenté leur désaccord au développement de la page citoyenne et du vote électronique. Les principales raisons de ce désaccord sont liées :

  • aux craintes relatives à la protection des renseignements personnels ;
  • à la présence d’une importante fracture numérique ;
  • aux difficultés identifiées dans diverses expériences de vote électronique.

La majorité des participants aux consultations :

  • sont ouverts à l’idée de mettre en place les services électroniques et les consultations en ligne, mais à condition qu’ils soient des moyens complémentaires aux services offerts en direct aux personnes et complémentaires à d’autres formes de consultation de la population ;
  • ont exprimé leur préoccupation pour que les services électroniques en ligne du gouvernement ne soient pas qu’un projet pour réduire les dépenses de l’État et que cela se traduise par une diminution des services à la population ;
  • ont exprimé également leur préoccupation pour l’intérêt réel que le gouvernement pourrait donner à l’opinion des citoyens surtout lorsque ces opinions n’ont pas été prises en compte dans d’autres consultations publiques.

Les travaux d’analyse et de réflexion

Plusieurs experts et leaders du milieu communautaire ont participé aux échanges sur ces consultations et ont contribué à mieux comprendre le contexte général du projet gouvernemental et le rôle du milieu communautaire.

Ils ont soulevé l’importance pour les groupes communautaires de définir leurs objectifs et leur vision sur le gouvernement et la démocratie en ligne.

Ils ont insisté sur l’importance de s’attarder à analyser les problèmes du gouvernement et de la démocratie actuels pour ensuite penser aux possibilités réelles de faire des changements avec la mise en place d’un gouvernement et d’une démocratie en ligne.

Ils suggèrent de considérer le gouvernement et la démocratie en ligne comme un nouvel espace qui devrait aider à élargir et approfondir la démocratie actuelle.

Finalement, dans les échanges récents avec les représentants des partis politiques et avec des fonctionnaires impliqués dans le projet de gouvernement et de démocratie en ligne, il a été souligné l’importance du rôle des groupes communautaires et le besoin de travailler de façon collective aux différents enjeux soulevés. Notamment, il faut porter une attention particulière à la fracture numérique, à la protection des renseignements personnels, aux problèmes politiques de la démocratie actuelle, au besoin de développer notre vision d’un gouvernement et d’une démocratie qui puissent mieux répondre aux besoins et aux aspirations des citoyennes et citoyens et aux idéaux de justice sociale.

La suite ?

Ainsi, plusieurs orientations et pistes d’actions ont été suggérées et les groupes communautaires s’attendent à ce que le gouvernement puisse appuyer l’exercice de réflexion et l’intervention des groupes communautaires sur ce projet qui est considéré par le gouvernement actuel comme un projet de grande envergure.

« Toutefois, dans le contexte de la présente campagne électorale, nous restons sur notre faim quant aux intentions des divers partis politiques face au développement du gouvernement en ligne », souligne Madame Chartrand. « En effet, nous retrouvons très peu d’orientations claires dans les différents programmes électoraux nous permettant de cerner la direction que prendra ce projet suite aux élections et comment y seront intégrées les préoccupations soulevées par les groupes et les experts dans le cadre de nos consultations. Nous invitons donc tous les partis à préciser davantage leur vision face à ce grand projet de société. »

Pour prendre connaissance du rapport synthèse des consultations de Communautique sur le projet de gouvernement et de démocratie en ligne, veuillez consulter l’hyperlien suivant : Le point de vue des groupes communautaires concernant le gouvernement et la démocratie en ligne