Mémoire présenté à la Consultation publique sur la proposition de politique de reconnaissance et de soutien de l’action communautaire.

Présentation

Pour permettre de situer ce document, le sens de l’analyse et des recommandations qui y sont formulées, il nous apparaissait essentiel de rappeler brièvement nos origines et la mission de Communautique.

En 1995, l’Institut canadien d’éducation aux adultes (ICÉA) et La Puce communautaire, préoccupés par l’écart qui ne cesse de se creuser entre inforiches et infopauvres dans le contexte de l’arrivée des technologies de l’information et de la communication, unissent leurs efforts et leurs expertises pour mettre sur pied le projet Communautique.

L’ICÉA, carrefour en éducation des adultes depuis 1946, rassemble plus de 80 organismes des milieux syndical, de l’enseignement, de l’éducation et de l’alphabétisation populaires ainsi que de l’action sociale. La Puce communautaire, s’appuyant sur son expertise de 15 ans, accompagne et soutient les organismes, associations et entreprises dans leur démarche d’information et d’appropriation des technologies de l’information et de la communication (TIC) en offrant différents services sur mesure.

En 1999, Communautique s’incorpore comme organisme à but non lucratif et tient son assemblée générale de fondation.

Notre mission

Mettre les technologies de l’information et de la communication au service des milieux communautaire et populaire ainsi qu’au service des citoyens et citoyennes potentiellement exclus, dans une perspective d’élargissement de la vie démocratique et de la citoyenneté, tout en contribuant au développement d’espaces communautaires sur l’inforoute.

Notre action

L’action de Communautique vise à apporter des réponses aux besoins exprimés par le milieu. Pour y parvenir, Communautique réalise différentes activités : recherche, enquête, formation, soutien, animation du milieu, accès public, réflexion et sensibilisation aux enjeux reliés à l’appropriation et l’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Quelques-unes de nos réalisations

Communautique a notamment réalisé deux enquêtes auprès des organismes communautaires à travers le Québec :

Étude des besoins, 1996-1997

Première enquête menée par Communautique sur les besoins télématiques des groupes communautaires et populaires en 1996.

Le monde communautaire et Internet : défis, obstacles et espoirs, 1999- 2000

Une vaste enquête, soutenue par le SACA et réalisée en 1999-2000 auprès de plus de 450 organismes communautaires au Québec. Elle visait à évaluer l’informatisation des groupes, l’intégration de la télématique, identifier les conditions à mettre en place pour une appropriation réussie, découvrir les expériences réussies et les obstacles rencontrés, identifier les stratégies d’utilisation et cerner les impacts des TIC sur l’organisation du travail et l’action des groupes.

Forts des résultats de ces expériences et de l’expertise développée, il nous semblait important d’intervenir dans le cadre de cette consultation afin de faire part des enjeux relatifs aux TIC identifiés par les groupes communautaires à travers le Québec. Plusieurs de ces enjeux sont directement reliés au développement de l’action communautaire et tracent les pistes des conditions à mettre en place pour favoriser un plein exercice de la citoyenneté.

Notre appui aux grandes préoccupations formulées par le comité aviseur de l’action communautaire autonome.

Avant d’apporter notre contribution spécifique à la consultation sur la politique de reconnaissance et de soutien de l’action communautaire, nous voulons signifier que nous partageons plusieurs préoccupations formulées par bon nombre de représentantes des groupes d’action communautaire.

Nous appuyons les grands principes qui ont favorisé, depuis de nombreuses années, et continuent à stimuler le développement de l’action communautaire avec ce qui fait sa force, son originalité et sa diversité. Enracinée dans le milieu, dotée de structures démocratiques, capable d’innovation et de s’adapter aux nouvelles réalités, l’action communautaire a besoin que soient réunies plusieurs conditions nécessaires à son développement notamment le respect de l’autonomie des groupes d’action communautaire, un financement de base de la mission sociale des organismes ainsi que la nécessité d’engagements financiers concrets afin de soutenir et consolider le mouvement communautaire.

L’action communautaire autonome et les nouveaux paramètres à l’exercice de la citoyenneté

 » Les personnes qui s’investissent dans l’action communautaire contribuent au resserrement des liens sociaux dans les collectivités. Elles sont motivées par le besoin de prendre la parole et d’intervenir activement dans la résolution de situations problématiques. L’action communautaire joue un rôle de critique et crée un espace de délibération qui constitue une manifestation concrète de participation démocratique.

Le gouvernement reconnaît l’importance de l’action communautaire en tant que véhicule d’engagement social des individus et de développement de la participation civique. (…)  »

Depuis quelques années, de nouveaux paramètres se sont imposés aux pratiques d’action communautaire autonome, à l’image d’un phénomène se produisant à l’échelle globale, dans l’ensemble de la société, soit l’introduction des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC). L’ordinateur fait aujourd’hui partie quasi intégrante du monde du travail et ce, même pour ceux dont l’activité revêt davantage un caractère social. Tablant sur l’ordinateur comme outil de communication et sur la création d’espaces reflétant son originalité, ses valeurs et ses aspirations, le milieu communautaire québécois vit lui aussi à l’ère Internet.

Entre 1996 et 1999, soit entre les deux enquêtes menées par Communautique, l’appropriation de la télématique par les groupes communautaires du Québec s’est opérée à un rythme accéléré : des projets se sont déployés dans plusieurs réseaux ; de nouveaux groupes communautaires sont nés avec pour mission spécifique l’appropriation sociale et démocratique des TIC ; des regroupements provinciaux et de nombreux groupes de base ont investi les inforoutes. Les groupes se sont engagés, ils se sont formés, ils tentent d’intégrer Internet à leur travail quotidien, ils développent des projets, ils s’interrogent et réfléchissent sur la façon de lier ces nouveaux développements à leur mission et à leurs services tout en leur gardant une dimension humaine.

Composante essentielle de la société, l’action communautaire autonome est présente sur l’ensemble du territoire québécois. Les groupes communautaires et populaires contribuent au développement économique, social et démocratique tant au niveau local que régional. Ils peuvent jouer un rôle crucial, non seulement dans le déploiement de l’inforoute québécoise dans une perspective citoyenne, mais aussi dans l’accès aux technologies de l’information et de la communication par les populations les plus démunies. Engagés dans la lutte contre toutes les formes d’exclusion et travaillant quotidiennement avec les populations démunies ne disposant pas des moyens d’accéder aux inforoutes, ils peuvent et veulent contribuer à combler le fossé qui risque de se creuser entre les infopauvres et les inforiches.

Un constat s’impose : l’introduction des nouvelles technologies entraîne des répercussions importantes sur de multiples dimensions de l’action communautaire autonome. Il devient de plus en plus incontournable d’intégrer ces nouveaux outils dans l’action et de développer de nouvelles façons de faire qui permettront aux citoyens et citoyennes de prendre une part de plus en plus active aux décisions qui les concernent. Ils et elles auront accès à une information de plus en plus étoffée, créeront des moyens alternatifs d’échanger sur les enjeux qui les concernent, auront part à la vie sociale, communautaire mais aussi une meilleure chance d’accéder au travail et développeront de nouveaux moyens d’agir dans leur milieu.

De nouveaux outils, accessibles ?

Il s’agit donc de prendre ce nouveau paramètre des TIC comme partie intégrante des pratiques d’action communautaire et de voir à mettre en place les conditions indispensables à l’appropriation des TIC. Ces conditions sont de diverses natures et l’enquête que nous avons réalisée nous a permis d’en identifier plusieurs. Il nous apparaît important de souligner ici, les enjeux majeurs reliés à l’appropriation des TIC.

Pour réaliser cette enquête, plus de 3 000 questionnaires ont été diffusés dans différents réseaux ; plus de 450 groupes ont répondu à l’appel lancé ; des ateliers de discussion ont été tenus à Montréal, Québec et Trois-Rivières. Des groupes de base de presque toutes les régions du Québec et de la quasi-totalité des divers secteurs d’intervention se sont fait entendre et sont représentés par ces résultats. Les regroupements provinciaux, sectoriels ou régionaux ont aussi exprimé leurs besoins, leurs expériences et leurs préoccupations. De ce seul point de vue, cette enquête est unique. Elle témoigne en outre de l’importance que les groupes communautaires accordent aujourd’hui à l’appropriation des TIC. A cela s’ajoute, la richesse des réflexions, des échanges et des discussions tenues lors des ateliers.

Faits saillants de l’enquête

Les parcs des répondants sont diversifiés et caractérisés par la mixité des appareils (Mac – IBM ou ordinateurs de toutes les générations)

  • 95 % des répondants possèdent un ou plusieurs ordinateurs.
  • 77 % des répondants comptent un ordinateur ou plus de dernière génération dans leur parc.
  • 15% des répondants ne possèdent qu’un seul Pentium ce qui pourrait indiquer une informatisation récente. Les répondants des secteurs femmes, défense des droits et famille y sont davantage représentés.
  • La moitié des ordinateurs du parc global peuvent être qualifiés de vieillots ou désuets.
  • Les postes de travail sont généralement utilisés par plusieurs personnes (de 3 à 5 personnes au sein de nombreux secteurs).

Des fractures se dessinent dans les ressources dont disposent les organismes, de certains secteurs et de certaines régions.

  • Les répondants n’ayant pas d’équipements sont particulièrement concentrés dans les secteurs loisirs, femmes, alphabétisation et autres ainsi que dans les régions de l’Abitibi-Témiscamingue, du Saguenay-Lac-St-Jean et de la Montérégie.
  • Les répondants des secteurs femmes, défense des droits et consommation apparaissent moins bien nantis (1.3 ordinateur adéquat en moyenne par répondant) comparativement aux répondants des secteurs du développement économique, de l’insertion professionnelle et de l’éducation (entre 3.5 et 7.7 ordinateurs adéquats en moyenne par répondant).
  • Les répondants des régions de l’Abitibi-Témiscamingue et du Saguenay-Lac St-Jean semblent les moins bien pourvus (0.9 à 1 ordinateur adéquat par répondant en moyenne) comparativement à ceux des régions de Montréal et de Québec (2.9 à 4.3 ordinateurs adéquats par répondant en moyenne).
  • Des équipements accessibles aux participants et participantes des groupes
  • Plus de la moitié des répondants (53,5%) affirment mettre leurs équipements à la disposition des personnes qui fréquentent l’organisme.
  • 62% des répondants affirment être intéressés à développer des points d’accès. Cette proportion atteint entre 72% et 80% chez les groupes répondants du Saguenay-Lac St-Jean, de la Mauricie, du Bas St-Laurent et de l’Estrie.

Opportunités, défis et enjeux posés par l’intégration de l’informatique et de la télématique

Des opportunités …

Les répondants de l’enquête et les participants et participantes aux ateliers de discussion ont identifié plusieurs opportunités offertes par l’introduction des TIC : possibilité d’entretenir des communications plus soutenues avec les membres ; information gouvernementale et programmes de subvention accessibles rapidement ; possibilité de réaliser des économies d’échelle (frais de déplacement, frais d’envoi, frais d’interurbain) ; possibilité de concertation accrue avec les autres groupes communautaires ; meilleure liaison avec les différents regroupements ; partage des ressources et des informations. Pour les membres et les personnes qui fréquentent les groupes : acquisition de confiance en soi, en ses capacités et développement de nouvelles compétences.

Des défis …

L’intégration des nouvelles technologies représente également de nombreux défis à relever : gestion de changements organisationnels et intégration de nouvelles tâches à un horaire surchargé ; temps et ressources à consacrer à la formation ; ressources financières supplémentaires à prévoir pour les achats d’équipements et les frais de branchement, pour faire appel à des ressources techniques externes, pour assurer l’entretien des équipements ; nécessité de se doter d’un plan de développement informatique et télématique ; gestion des données confidentielles; nécessité d’allier les TIC à la mission de l’organisme ; risque de faire partie des groupes infopauvres ; organisation et gestion de l’information (risque d’accumulation d’informations périmées) ; perte de contacts humains et risque d’isolement ; fiabilité et validité de l’information difficile à évaluer ; communications accrues ; accélération du temps et diminution du délai de réponse. Pour les membres et les personnes qui fréquentent les groupes, les défis identifiés concernaient la perte de contacts humains et les risques d’isolement et d’exclusion ; le besoin de formation, d’initiation et familiarisation.

Des enjeux …

Ces éléments dégagés de l’enquête permettent de retenir quelques défis pertinents à soulever dans le cadre du développement de la politique de reconnaissance et de soutien de l’action communautaire :

1. L’intégration d’Internet : une incontournable nécessité pour éviter l’exclusion

Les groupes se sentent de plus en plus obligés d’introduire Internet dans leurs pratiques, à défaut de quoi, ils se voient menacés d’exclusion n’ayant pas accès aux nouveaux réseaux de communication. Ce mode de communication est de plus en plus courant tant dans les relations avec les bailleurs de fonds, que dans la diffusion de l’information gouvernementale ou avec les divers réseaux de concertation et de solidarité.

Les populations rejointes par les groupes sont également concernées par l’introduction des nouvelles technologies. La maîtrise de l’informatique et de la télématique permet aux individus d’acquérir un sentiment de fierté et d’ouvrir de nouvelles portes et elle constitue également une condition de plus en plus exigée pour accéder au marché de l’emploi.

2. Le bouleversement des pratiques

L’introduction des TIC dans les groupes impose de nouvelles pratiques à divers niveaux.

L’organisation interne des activités des groupes se voit modifiée. L’organisation de l’information dans un groupe doit être repensée afin de maintenir l’accessibilité souhaitée.

La répartition des activités de communication publique est appelée à être remodelée. Les communications avec le public, avec les partenaires, avec les divers réseaux de concertation doivent être repensées.

Les outils de sensibilisation et d’éducation se diversifient et doivent être revus et appellent à de nouvelles compétences. Les outils et les moyens de mobilisation évoluent et amènent à envisager de nouvelles pistes d’action et d’intervention.

Recommandations

Préalable aux recommandations

Nous croyons que l’élaboration de la politique de reconnaissance et de soutien de l’action communautaire doit prendre en considération ces profonds changements qui se produisent dans la société. Les moyens d’exercer la citoyenneté et de participer à la vie démocratique sont en pleine évolution, l’introduction des TIC risque de marquer de façon importante cette évolution.

En tant qu’acteurs reconnus importants du développement social, les groupes d’action communautaire autonome doivent être en mesure de jouer un rôle actif face à ces changements. Ils sont appelés à développer les pratiques d’action communautaire, à introduire les TIC et à les adapter aux besoins des populations qu’ils rejoignent et aux réalités spécifiques de l’action communautaire au Québec. L’enjeu étant le risque de fracture entre inforiches et infopauvres qui se dessine déjà. Pour cela, ils doivent d’abord et avant tout, disposer des ressources de base nécessaires à leur action et la marge de manœuvre nécessaire à jouer leur rôle de façon éclairée et innovatrice dans le développement de leur milieu.

1. Développer l’infrastructure technologique

La proposition de politique mentionne déjà les infrastructures technologiques comme éléments du financement de base. Cet aspect mérite une attention particulière compte tenu des résultats de notre enquête. Les groupes doivent composer avec un parc informatique très diversifié, une proportion important d’appareils vieillots et désuets, ce qui constitue un casse-tête certain sur le plan opérationnel, la gestion et l’entretien.

Sans entrer aveuglément dans la course aux équipements de plus en plus performants, les groupes doivent être en mesure de s’adapter aux standards qui s’imposent. Nous pouvons suggérer deux pistes parallèles à poursuivre concurremment :

  • Offrir les ressources financières et l’expertise aux groupes pour disposer de l’infrastructure de base adéquate (lignes téléphonique, frais de branchement, achat et renouvellement des équipements informatiques),
  • Soutenir la recherche de solutions peu coûteuses pour permettre aux groupes de développer des moyens de s’approprier et adapter les TIC.

2. Soutenir la formation

Parmi les besoins de formation identifiés dans l’enquête, la formation à l’utilisation d’Internet arrive au premier rang suivie de près par la formation en bureautique. Le rythme de développement des nouvelles technologies et les compétences qu’elles requièrent exigent d’intégrer aux activités des groupes une formation continue.

Ainsi, des ressources devraient être consacrées afin de répondre à ce besoin de formation continue aux technologies de l’information et de la communication. Cette formation constitue un préalable pour permettre l’initiation des participants et participantes des groupes, l’intégration des TIC au quotidien et le développement de nouvelles pratiques.

3. Soutenir le développement de l’expertise

Activités de recherche et de réflexion

Afin de soutenir l’appropriation des nouvelles technologies et leur adaptation à la réalité de l’action communautaire au Québec, il nous semble important de développer le soutien aux activités de recherche et de réflexion qui doivent, de façon continue, faire le point sur l’état de l’appropriation afin d’identifier les enjeux, les opportunités, les risques et les obstacles, rassembler les éléments de réflexion et organiser les débats sur ces différents aspects. Cette dimension nous apparaît essentielle pour permettre une véritable appropriation.

Diffusion des expériences novatrices d’utilisation des TIC et développement de contenu adapté

On constate l’émergence de diverses initiatives dans le développement de contenus et dans les pratiques qui sont faites des nouvelles technologies. Afin de soutenir l’appropriation des nouvelles technologies, ces pratiques doivent être recensées, un portrait doit être fait et diffusé. Le partage de ces nouvelles expériences conduira à les multiplier, à les adapter pour en développer de nouvelles qui seront adaptées aux différentes réalités.

De plus, des ressources doivent être déployées pour répondre aux besoins qui émergent de soutien pour le développement de contenus adaptés aux réalités de l’action communautaire au Québec (sites, forum, listes de discussion, etc.). Une fois développés ces nouveaux outils exigent des ressources adéquates appropriées pour leur mise à jour, leur développement ou l’animation.

Soutien aux groupes communautaires oeuvrant dans le domaine des TIC

Communautique œuvre, depuis près de cinq ans, sans financement de base, à l’appropriation sociale et au développement d’une expertise communautaire dans le domaine des TIC par ses activités de formation, de développement des points d’accès public au sein des groupes communautaires, d’animation du milieu, de veille et de réflexion et d’enquête.

À cet égard, la politique de reconnaissance de l’action communautaire devrait soutenir l’accès à un financement de base aux groupes dont la mission centrale vise l’appropriation sociale des TIC, le développement et la diffusion d’une expertise communautaire. Communautique pourrait ainsi jouer un rôle de veille, de réflexion et d’animation du milieu.

Soutenir le développement de points d’accès et l’expérimentation en TIC

Tel que mentionné dans le dernier budget du gouvernement du Québec, des mesures doivent être mises en place pour combler la fracture numérique qui risque de s’approfondir entre les inforiches et les infopauvres. Les groupes communautaires et populaires peuvent contribuer à combler ce fossé et ouvrir l’accès aux inforoutes aux populations les plus démunies. À cet égard, les résultats de l’enquête démontrent que les groupes se sont déjà mis en action, investissent ce nouveau chantier et souhaitent accentuer ce travail.

4. Financer le développement de l’action communautaire en TIC

Un financement accru a été accordé au Secrétariat du Conseil du Trésor lors du dernier budget. L’énoncé budgétaire « Pour une société branchée » alloue des ressources additionnelles, soit 45 M $ sur 3 ans, qui seraient affectées notamment à « l’encouragement à la réalisation de projets d’inforoutes en matière d’éducation, de culture et de langue, ne pouvant répondre à des critères de seule rentabilité économique » (Pour une société branchée, page 60)

Nous suggérons qu’une part importante de ces sommes soient réservées au cours des trois prochaines années à l’action communautaire pour :

  • Développer l’infrastructure technologique
  • Soutenir la formation
  • Soutenir le développement des pratiques, de la recherche et de l’innovation
  • Soutenir le développement de points d’accès public au sein des groupes communautaires
  • Offrir un financement sur une base triennale à des organismes tel Communautique qui contribuent au développement de l’expertise par des activités de veille, de réflexion, d’animation du milieu et d’expérimentation.

Conclusion

Pour conclure, nous croyons que ces recommandations constituent des éléments de base pouvant contribuer à la reconnaissance des nouvelles réalités auxquelles est confrontée l’action communautaire. Cette reconnaissance doit prévoir que les groupes d’action communautaire disposeront d’un soutien adéquat qui leur permettra d’acquérir l’ensemble des outils nécessaires à leur développement, y compris les technologies de l’information et de la communication.

Enfin, nous croyons que la politique doit également reconnaître l’émergence et le travail de nouveaux groupes dont le secteur d’activité porte spécifiquement sur les technologies et leur appropriation.