Le 25 novembre 2008, nous constatons avec effarement qu’aucun des partis en lice dans cette élection provinciale ne propose une stratégie sur l’usage et la gouvernance de l’Internet et les nouvelles technologies de l’information.

Ce manque de vision est d’autant plus navrant et inconcevable que l’Internet et l’usage des technologies de l’information deviennent omniprésents au quotidien dans tous les aspects de la vie individuelle et collective. D’autant plus qu’il est démontré que les nouvelles technologies sont un outil maintenant incontournable dans l’innovation et le développement économique et social, que leur  potentiel est très grand pour améliorer le fonctionnement de la vie démocratique mais qu’ils présentent aussi des risques considérables pour la protection de la vie privée, les libertés civiques et l’exclusion de nombreux secteurs de la population.

Pourtant, depuis près de 10 ans, les études ne manquent pas qui constatent les besoins, les appréhensions autant que les aspirations des québécoises et des québécois pour participer aux « inforoutes » de l’information et les chemins de traverse qui émaillent tout l’espace public.

Les recherches les plus récentes montrent que si l’accès à Internet et les nouvelles technologies, s’est largement démocratisé au cours des dernières années, il existe différentes formes d’exclusion numérique et l’accès universel est encore loin d’être une réalité. Des pans entiers de la population, en particulier hors de grands centres urbains, n’ont pas encore accès à la large bande qui est maintenant  indispensable pour une participation pleine et entière à la vie économique, sociale, culturelle et citoyenne. L’accès est aussi refusé à ceux et celles qui n’ont pas les capacités ou les compétences pour utiliser Internet.  Au plan national canadien, le Québec accuse un net retard sur les autres provinces (64% d’internautes au Québec contre 83% en Alberta par exemple) et les francophones utilisent moins l’Internet que les anglophones. Au plan international, le Québec comme le Canada ne font plus partie des pays les plus branchés au monde et viennent loin derrière certains pays européens et asiatiques.

La période de crise financière et économique majeures que nous vivons devrait inciter nos décideurs à prendre le parti de l’innovation et à investir dans le développement d’une culture numérique dynamique et inclusive par le renforcement des infrastructures et de la formation, l’appel à participation de tous les acteurs sociaux et le soutien de leurs  initiatives.

Quelques données issues des études les plus récentes pourront donner un portrait de la situation et des aspirations des québécois :

Les usagers québécois se sont exprimés récemment dans le cadre de l’enquête NetGouv2007 sur le Gouvernement en ligne publiée en avril 2008 et réalisée par le CÉFRIO et Communautique avec le soutien du ministère des Services gouvernementaux et de la Société de l’automobile du Québec :

  • 91,2 % des répondants se sont prononcés pour que le gouvernement assure en priorité des investissements pour l’accès gratuit à Internet dans les lieux publics (écoles, bibliothèques, centres communautaires) ;
  • 86,4 % sont en faveur d’assurer en priorité l’accès à Internet des citoyens avec un handicap ou des difficultés de lecture ;
  • 84,3 % sont en faveur d’assurer en priorité l’accès à Internet haute vitesse dans toutes les régions ;
  • 67,4 % sont en faveur d’assurer en priorité la formation des gens moins à l’aise avec l’Internet.

L’Indice du commerce électronique au Québec démontrait par ailleurs que seulement 52 % des PME québécoises ont leur propre site Internet et que seulement 7% utilisent les paiements en ligne avec pour conséquence que du tiers à la moitié des achats en ligne sont faits à l’étranger.

Communautique et ses partenaires des milieux communautaires ont démontré dans le cadre de la Plateforme québécoise de l’Internet citoyen et des consultations sur le projet de gouvernement et de démocratie en ligne qu’ils revendiquent la nécessité de la participation citoyenne à la construction de la « société de l’information » québécoise par la formation, l’innovation, la recherche et l’élaboration de politiques pour une société inclusive qui bénéficie aux individus et aux collectivité aux plans économique, social et culturel.

À l’heure où de nombreux gouvernements se dotent de stratégies et plans numériques nationaux, nous demandons donc aux partis de se prononcer sur les points minimaux suivants :

  1. Pouvez vous assurer qu’une stratégie et des mesures seront mises en place pour que à l’horizon 2012 :
    • Tous les citoyens et citoyennes, autant en région rurale et éloignée que dans les régions urbaines, auront accès à Internet haute vitesse de qualité ;
    • Tous les citoyens et citoyennes, peu importe leur âge, leurs capacités ou leur statut socioéconomique auront la possibilité de contribuer à l’ère numérique ;
    • Aucune forme de discrimination n’affectera les communications en ligne ;
    • L’Internet continuera à favoriser la création d’emplois, à stimuler l’innovation et la croissance économique par les communautés.
  2. Qu’une nouvelle vision pour une plateforme numérique de services pour la population invite à la participation tout en étant respectueuse des droits de chacun, permettant aux individus et collectivités d’être autonomes et gestionnaires de leurs propres données de :
    • santé
    • développement économique
    • développement culturel.

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Cordialement,

Denis Boudreau
Président, Communautique