Le samedi 13 août, dans les locaux de Communautique à Montréal, s’est tenu le panel Fabriquer les Communs: villes, biodiversité et changements climatiques, dans le cadre du Fab City Summit 2021.

Le panel a abordé le rôle central de l’urbanisation dans la perte de la biodiversité mondiale, mais qui peut aussi faire partie de la solution. L’importance de la biodiversité pour la ville et ses habitants et pourquoi devrions-nous en faire, avec la lutte contre le changement climatique, la première priorité mondiale. 

Des techniques de conservation et de régénération à la notion de services écosystémiques et aux défis de la gouvernance mondiale en matière de protection de la biodiversité, le panel a exploré comment le mouvement Fab City peut contribuer à inverser l’effondrement écologique auquel nous sommes confrontés.

Animé par Martin Van Den Borre, responsable Fab City pour la province du Québec, chez Communautique, le panel a réuni quatre intervenant_e_s spécialistes qui ont exprimé leurs idées et recherches sur le sujet afin de nourrir le débat, en voici quelques extraits: 

Steve Hamel biologiste spécialisée en biodiversité urbaine à la WWF Canada

«Il faut créer de nouveaux écosystèmes avec les nouvelles variables»

La biodiversité ne repose pas seulement sur le nombre d’espèces, mais sur les relations écologiques entre elles et leur environnement, les relations écosystémiques. Dans le contexte de l’’écologie urbaine on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, avec chacun notre vision culturelle. Il s’agit de restaurer des milieux naturels, créer de nouveaux écosystèmes avec les variables qui existent dans l’environnement et mettre en place des indicateurs. Beaucoup d’actions sont possibles en milieux urbains et péri-urbains, où se trouvent les écosystèmes les plus riches.

Marie-Ève Roy doctorante en mesures écologiques

«Les villes ont un rôle de protection de la biodiversité»

La biodiversité confronte la conservation au développement. Alors qu’elle est à la base du développement durable, la base de la vie. À Montréal se trouvent énormément d’espèces menacées et ce qui est rare ce sont les milieux naturels. Alors que 60% de la biodiversité se retrouve là où il y a des gens, protéger les espèces rares permet de protéger les habitats rares.  La première aire protégée : le Mont Royal en 1876. On peut avoir un rôle dans les changements climatiques; calculer ce que vaut un service écosystémique. La biodiversité garantit le bien-être, l’alimentation, la résistance/ résilience. Les gens aiment la nature, ont besoin d’endroits plus libres, moins rigides. Personne ne regrette jamais d’avoir protégé une aire.

Raquel Peñalosa architecte paysagiste et présidente IFLA AMERICAS 2014-2018, présidente de Communautique

«Fab City Montréal doit s’inspirer des communautés autochtones dans leur rapport interdépendant à la nature»

L’humain est partie intégrante de la nature. Nous avons besoin de créer un nouveau narratif, revoir nos modes de production et de consommation, revoir nos besoins. Repenser notre relation avec la nature, passer d’une relation de dominance à une vision écologiste, systémique, circulaire; la nature n’est pas seulement une ressource, elle est vivante. Porter un regard régénératif. Nos villes sont devenues artificielles, ont perdu ce caractère vivant; ramener dans le système des villes des écosystèmes vivants. La biodiversité un enjeu à inscrire dans la vision Fab City, en devenir.

Olivier Hillel Programme officer au secrétariat de la convention de la diversité biologique

«Il est urgent de prendre en compte la nature dans tout ce qu’on fait»

La biodiversité fait partie des choix économiques. Il n’y a pas de net positif, quand on perd une espèce. La Fab City, penser global agir localement, permet la fabrication de nouveaux contenus, des investissements, la génération d’emplois, une opportunité concrète pour générer une nouvelle économie, basée sur la protection des aires communes, les connaissances traditionnelles. La plateforme du secrétariat et la convention sur la biodiversité qui engendrera un cadre pour les prochains 10 ans, pour protéger la nature, sont propices à y inscrire le mouvement Fab City.

Référence : Le Rapport Planète vivante Canada 2020. Le rapport phare du WWF-Canada offre un aperçu de l’état de santé de la nature au pays et propose des solutions pour protéger et conserver les espèces.