Montréal, le 30 avril 2011. Les différents partis fédéraux semblent tous avoir fait leurs devoirs et, après avoir enfin constaté le retard pris par le Canada, ont inscrit dans leurs programmes des propositions sur le déploiement de la large bande, la neutralité d’internet, un gouvernement ouvert, les droits d’auteur, etc. Certains, ceux qui ont peu de chances de se faire élire (le Parti Vert et le Parti Pirate), évoquent les données ouvertes et le logiciel libre dans leur programme.

Mais quelques bémols majeurs à ces belles intentions. Posons d’abord que le Parti Conservateur a eu cinq ans pour nous montrer qu’il était incapable de réaliser ses promesses de déploiement des infrastructures en régions et dont les efforts de consultations publiques de dernière minute n’ont convaincu que la grande industrie des télécommunications. Ses décisions et positions sur le CRTC, la neutralité d’internet, le copyright et l’avenir de Radio-Canada ne nous convainquent pas davantage.

Pour les autres partis, même si certains analystes soulignent le progrès que cela représente et les subtiles nuances entre les partis (cf Michael Geist dans le Toronto Star), on se doit de reconnaître que les promesses restent peu ambitieuses quant aux objectifs et budgets prévus. À titre d’exemple, on appelle ici haute vitesse un débit de 1,5Mb alors qu’on parle d’un minimum de 4,5Mb dans la plupart des pays industrialisés, de 100Mgb déjà installés en Corée et au Japon avec un objectif d’1Gb en Corée pour 2012. On parle d’investissements moyens de 100 à 150 millions de dollars par année alors que le plan Australien est de 43 milliards jusqu’en 2018, la France de 13 milliards et les États Unis de près de 8 milliards.

En ce sens, les Québécois auront davantage intérêt à se pencher sur la « stratégie numérique provinciale » énoncée dans le dernierbudget d’avril 2011. Axée elle aussi sur les infrastructures, ses budgets sont presque équivalents puisqu’on parle de 900 millions d’ici 2020.

Dans les deux cas cependant il serait plus avisé de rappeler que le Manifeste pour un plan numérique diffusé par Communautique avait souligné qu’une véritable stratégie numérique doit se fonder dans son élaboration et sa mise en oeuvre sur la participation active de la totalité des acteurs sociaux, tous secteurs d’activité et toutes régions confondus. Car au delà des infrastructures, c’est une véritable culture numérique qui doit être mise en place après une consultation et une contribution de tous et toutes qui laissent libre cours à la créativité et à de véritables innovations sociales dans un climat de confiance et de transparence.

À propos de Communautique

Communautique est un organisme communautaire dont la mission est de soutenir la participation citoyenne en favorisant la maîtrise de l’information, l’appropriation des technologies de l’information et des communications et la contribution à leur développement.